La gestion du végétal
La gestion du végétal, c’est un outil bien compliqué à doser… Trop de gestion et la diversité diminue, pas assez… et les stocks se chargent avec un excès de démarque ensuite… Pas simple ! La distribution moderne est-elle compatible avec le végétal ?
La gestion du végétal !
Il faut revenir à l’historique des jardineries pour comprendre cette gestion du végétal. Au départ, dans les années 1980, lorsque les jardineries ont commencé à ouvrir boutique, le végétal était la gamme principale dans ces nouveaux points de vente. Il faut dire que les propriétaires de ces lieux de distribution végétale étaient des pépiniéristes ou des horticulteurs. Dès le début, ils avaient compris l’intérêt de sortir du champ de production pour aller à la rencontre du jardinier amateur.
Et ces passionnés de la plante proposaient toutes les collections possibles de plantes. Confiez un bon de commande à un passionné sans lui fixer de limite, il aura vite fait de remplir la surface disponible avec les plus belles pièces, voir les plus grosses ! Celles qui coûtent un bras.
Je vous parle d’une époque où les budgets d’achat n’étaient pas encore nés et il n’y avait pas besoin de créer des décors ou des promos pour attirer le consommateur, il suffisait d’être ouvert, ou presque, pour remplir le tiroir-caisse !
La part du végétal
C’était il y a 40 ans, l’informatique en était à ses balbutiements et tout le stock de la jardinerie était géré sur des cadenciers en papier. On jouait alors de la gomme et du crayon pour corriger les éventuelles erreurs de quantité lorsqu’on avait réussi à les repérer.
Il n’empêche, à cette période, le végétal représentait plus de 50% du chiffre d’affaires des points de vente jardin. Les pics d’activité se situaient en mars, avril et mai pour le printemps, et en octobre, novembre pour l’hiver. Inutile d’être expert-comptable pour comprendre que le modèle économique est déséquilibré ! Ouvrir 12 mois pour n’avoir que 5 mois de production significative… Avouez que c’est dommage.
Alors en utilisant la gestion et notre imagination, nous avons cherché à combler les périodes creuses avec l’animalerie pour commencer, la déco, le rayon Noël… Puis sont arrivés les vêtements, le terroir, l’alimentation…
Ça a marché ! Grâce à l’analyse de la gestion, nous avons fait grossir les rayons périphériques. Et dans le même temps, et c’est logique, le végétal a réduit sa part de marché.
De 50 à 20 %
Un peu plus de 50% dans les années 1980*, et aujourd’hui, comme nous l’indiquent les derniers résultats Nielsen IQ GfK, le végétal est à un peu plus de 20% de part de marché en jardinerie et en LISA pour la saison 2023. Il n’y a pas de raison pour que ce chiffre augmente dans les années à venir.
À y regarder de plus près, c’est un peu logique. En travaillant sur la réduction du stock, les grosses pièces ont considérablement diminué. Pour les gammes traditionnelles, inutile de faire rentrer des moutons à 5 pattes, qui ne sortent pas. Le contrôle des quantités vendues nous permet d’éliminer les espèces sans un volume minimum. Il reste donc, dans les pépinières ou les marchés aux fleurs, les basiques, ceux qu’on maîtrise. Pour les végétaux un peu plus rares, vous irez à une fête des plantes ou chez un passionné en pleine campagne, et des fois sur internet.
La concurrence a aussi son mot à dire, puisque nous sommes avec des 20/80 (loi de Pareto), nous devons tous chercher le produit le moins cher qui sera proposer par des entreprises de production mécanisée et organisée.
En clair, l’épicerie disparaît au profit de l’industrie, je parle toujours du végétal, bien-sûr !
Et alors ?
Et alors, nous risquons d’avoir deux types de distribution. La première avec les 20/80, les produits leaders, avec une bagarre de prix chaque saison. Il faudra des industriels du végétal pour fournir les grandes chaînes de distribution. Et de l’autre, des « épiceries »… Des petits producteurs passionnés qui vendront leur collection sur Internet ou à la sortie de leurs serres.
Alors oui, il y aura encore l’entre-deux, la jardinerie indépendante dont les dirigeants sont encore passionnés par la plante. Ils iront chercher la perle rare et continueront de la proposer à la vente, malgré la démarque, le coût du stock, les manques de rotation…
Mais jusqu’à quand ?
Pour conclure, le végétal est difficilement compatible avec la gestion pointue d’un distributeur attentif à ses chiffres. Il n’entre pas dans les bonnes cases. L’extrême diversité, la fragilité du produit, les taux de démarques, le coût des structures adaptées, la surface consacrée et la difficulté de le vendre en étage, la concurrence … Voilà beaucoup de raisons qui font que la diversité risque encore de diminuer dans les saisons à venir.
Et vous, l’avenir du végétal, vous le voyez comment ?
*Sources archives personnelles de François Langendorff.
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