La Toussaint… On est mal patron !
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Encore 50 kilomètres avant l’arrivée à destination, dans la voiture, je chantonne ma chanson préférée distillée par la radio de bord et accompagnée, en rythme s’il vous plaît, par le meilleur chanteur du véhicule : moi. Tout allait bien avant que Christine and The Queen ne soit interrompue par l’autre : « patron, on est mal ». Ce gars qui nous annonce des prix plus bas que terre pour une enseigne alimentaire qui imprime son style : les meilleurs produits au plus bas prix.
1, 59 euros le chrysanthème en pot de 13, avec 3 boutures ! Ça, c’est une très bonne affaire, mais quel est donc ce producteur capable de proposer un tarif aussi compétitif ?
Après recherche, il s’avère que ce joli pot a du être acheté au Pays Bas aux environ de 0,90 euros… il reste donc de la marge pour le gars de chez « patron on est mal ». En France, et après avoir négocié, nous arrivons à un pot de 10, toujours avec 3 boutures au plus bas à 1,50 euros… en gros !
Mais alors, si ce distributeur discounter peut nous attaquer sur les végétaux leaders, pourquoi ne pas en faire de même du côté des jardineries et casser un peu plus le prix en pressant ces industriels du végétal.
C’est ce qui pourrait arriver dans l’avenir si le prix continue de nous faire fantasmer à ce point.
Avec ce genre de stratégie, nul doute que le marché va se simplifier… et se réduire.
Pour produire un chrysanthème en pot de 13 à 0,90, il faut une industrialisation et une automatisation conséquente. Un tel investissement ne peut concerner que quelques plantes phares comme le chrysanthème et la bruyère pour la Toussaint, le poinsettia pour Noël, le Phalaeno toute l’année, le buis… en gros une vingtaine de plantes.
Ces 20/80… pardon, ces 10/90 vont faire le volume. Ils seront produits par des gros producteurs pour des gros distributeurs, et concerneront le gros des consommateurs.
Pour les autres, il ne restera que les niches, mais aussi la qualité et le conseil.
Il est possible de vendre une méga coupe de pomponnette de 9 boutures à 10 euros, certes, c’est plus cher, mais c’est aussi beaucoup plus classe.
Alors bien sûr, ce constat est basique, il peut se retrouver dans toutes les composantes de la distribution à grande échelle, qu’il s’agisse de vêtement, d’électronique, d’alimentaire, de restauration, de fruits et légumes, mais aussi de jardin.
Pour arriver à un tel niveau de prix, il n’y a pas de miracle, il faut jouer sur le mode de production, sur la matière première ou sur une main d’oeuvre très bon marchée… à vous de choisir l’un de ces trois leviers pour gagner la compétition.
Concernant notre jardin, cette optimisation de la production sur des produits a succès va rendre le travail des petits producteurs intenable. Les acheteurs ne manqueront pas de leur demander des équivalences de prix qu’il sera bien difficile d’honorer. Et il ne restera que les niches pour pleurer.
Mais plutôt que de se morfondre dans un pessimisme borné, autant se prémunir dès maintenant face à ces pratiques devenues régulières.
Premier constat : derrière chaque prix anormalement bas, il y a souvent un loup, à vous de découvrir lequel, si c’est le cas.
Second constat, inutile de se battre contre des offres délirantes si vous n’avez pas les volumes ou la fréquentation, cherchez donc une autre porte de sortie.
Moralité : on est mal patron… Si l’on continue de suivre cette logique destructrice de prix bas.
Défendre le pouvoir d’achat du consommateur, c’est une bonne idée, mais si pour cela, il faut sacrifier la production « artisanale » ou locale, ça pose question…
La guerre entre les gentils et les méchants n’est pas encore gagnée… Reste à savoir qui est le gentil, et qui est le méchant ?
Roland Motte… Jardinier !
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