Guide des consommateurs jardins 2024
111 GUIDE DES CONSOMMATEURS JARDIN 2024 GCJ : On a tendance à penser que le végétal doit être vu et touché pour être acheté par un client, comment contourner ce problème ? DM : Je suis en désaccord total avec cette affirmation. Prenons le cas des vivaces qui fleurissent, ou des arbustes dont le feuillage change de couleur en automne : lorsqu’on vient en jardinerie, on peut effectivement voir et toucher la plante et constater de son rendu à un instant T, mais c’est tellement réducteur ! On ne s'aperçoit pas de son feuillage d’automne, de sa floraison, de sa taille, de son port... Il est finalement encore plus difficile de se rendre compte de ses différents états juste à partir d’un petit godet disposé sur un rayonnage en jardinerie. Alors qu’en ligne, les fiches produit permettent de présenter la plante dans tous ses états grâce à une solide galerie photos. Certes, il faut pour cela exploiter les bases de données de photos disponibles ou réaliser ses propres shootings, lorsqu’elle a atteint sa croissance optimale, et si possible en situation, pas juste en pot. L’investissement en photo est donc essentiel, mais ce n’est pas le seul levier d’action pour accompagner l’utilisateur dans son acte d’achat : car avant tout, il s’agit de trouver comment guider son utilisateur jusqu’aux bonnes fiches produit, et donc, de se repérer au travers des milliers de références aux noms et caractéristiques toutes plus obscures les unes que les autres. Prenons le scénario utilisateur basique d’un couple de “débutants” cherchant à composer un massif. S’il se rend en jardinerie, il va trouver des grandes zones de rayons de plantes d’ornement classées par famille : annuelles déjà en fleur, vivaces, arbustes, arbres... Comprend-t-il cette classification ? pas sûr. Comprend-t-il qu’il peut mélanger vivaces, annuelles et petits arbustes au sein de sa bordure ? pas certain. Va-t-il soulever chaque étiquette (lorsqu’elle est présente) pour se rendre compte que chaque plante nécessite une exposition, un sol particulier, une certaine quantité au m ² pour un rendu sympa ? encore moins sûr. Comment se repérer dans cette infinité de possibilités ? A date, le jardinage est un art qui nécessite un effort, une expertise, un minimum de culture rendant la pratique difficile d’accès autant en jardinerie qu’en ligne. Ni les jardineries ni les sites n’ont encore trouvé la bonne manière de vulgariser leur catalogue produits, de le rendre accessible et inspirant pour les utilisateurs néophytes. Personne ne propose vraiment d’exemples de massifs déjà composés ‘vraiment faciles à acheter’, comme des petites suggestions de mises en ambiance “à la Ikea” où l’on aurait juste à indiquer les dimensions de la bordure que l’on souhaite réaliser pour que le site nous calcule automatiquement les bonnes quantités, après avoir simplement indiqué si la bordure est au soleil ou à l’ombre, et si l’on préfère une floraison blanche ou rose par exemple… GCJ : Les entreprises liées au jardin sont-elles en avance ou en retard sur la vente en ligne. Et pour- quoi ? DM : Pour répondre à cette question, je citerai la punchline de notre Directeur Conseil Loic LEJAL “le végétal, c’est les emmerdes du meuble et les contraintes du frais”; C’est effectivement la synthèse parfaite pour résumer les enjeux pour les différents acteurs du secteur, et cette double difficulté qu’il leur faut pouvoir résoudre : tous les enjeux logistiques liés au stockage et au transport de produits volumineux et hors format, associé aux problématiques du transport du frais pour s’assurer que la plante arrive en vie malgré les aléas des tournées de livraison. Il est certain que vendre du végétal en ligne, ce n’est pas aussi simple que de vendre des t-shirts. Les contraintes logistiques sont très importantes, les investissements nécessaires sont donc un frein qui explique certainement une partie du retard qu’a le secteur sur la vente en ligne. Mais paradoxalement, ce qui est un frein est également un atout notamment pour les enseignes bénéficiant d’un maillage territorial homogène, car en général, les jardineries sont dotées de services de livraison “du dernier kilomètre”. Reste à résoudre le problème de l’hétérogénéité des systèmes. Si pour s’assurer qu’au sein du réseau, l’on puisse interroger les stocks des différents points de vente. D’autre part, comme évoqué précédemment, le travail sur l’architecture de l’information du catalogue produit est également un enjeu car il nécessite une richesse et une structuration de l’information très aboutie dans un outil adapté (PIM…) pour permettre aux utilisateurs de se repérer dans le catalogue produit. Ce travail de qualification de base produit ne peut être fait que par des connaisseurs qui soient également capables de vulgariser leur savoir.
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy MTEyMTU=