Canopée !

#chaleur #canopée #rechauffementclimatique #arbre #jardin #nature #urgenceclimatique

La chaleur nous accompagne maintenant à chaque été. La canopée, ou plus précisément, la cime des grands arbres, va servir de couverture dans les villes. Ce couvert végétal permet de limiter la chaleur au sol, encore faut-il que les arbres soient prévus à la plantation…

Canopée

Dans une forêt, la canopée, c’est l’extrémité des grands arbres en contact direct avec les rayons du soleil et l’atmosphère. C’est un écosystème à part entière bien différent de celui que l’on trouve au pied de l’arbre. Et avec le réchauffement constaté chaque année, vous l’aurez peut-être compris, lors de vos balades dans la nature, il fait beaucoup plus frais à l’abri des arbres que sur un terrain nu, sans protection. Cette logique fait aussi réfléchir les responsables des espaces verts de chaque commune. Nous avons pris l’habitude, pendant des siècles, de construire des villes très minérales. Pire encore, nous considérions le végétal comme pas très propre, voir dangereux s’il est au bord des routes. Combien de litres de désherbants avons-nous utilisé pendant des années dans les parcs et les cimetières pour faire plus « propre » ? Aujourd’hui, nous savons qu’il y a près de 20 degrés d’écart entre un sol nu et un sol végétalisé…Même s’il s’agit de « mauvaises » herbes !

Et pour les arbres, nous devons leur trouver une place dans le béton afin de limiter les chaleurs de l’été.

A Paris, 25 000 nouveaux arbres ont été plantés entre 2022 et 2023. Et d’autres villes en France vont suivre cet exemple. Ensuite, il faudra convaincre aussi les particuliers et les inciter à planter des arbres dans leur jardin…

Canopée – pinière !

Ces initiatives sont positives, sauf à tomber dans un quantitatif surtout productif pour l’image et la réélection… Planter dans tous les sens, sans prendre en compte le volume de terre disponible, peut vite devenir un échec quelques années plus tard. Pour résister à la chaleur, le système racinaire de la plante doit pouvoir se développer correctement. L’analyse du sous-sol et de la terre disponible est donc primordiale pour espérer voir ces arbres grandir un minimum.

Et ensuite, et bien, il faudra trouver les essences adaptées…

La production française, d’après les chiffres révélés par Val’Hor est d’environ 1/3 pour les plantes de pépinières dont font partie nos fameux arbres. Et la majorité de ces plantes de pépinière se retrouvent dans la distribution ou en vente directe pour satisfaire le jardinier amateur.

Nous n’avons pas le détail, mais à part quelques pépiniéristes spécialisés dans l’arbre, la grande majorité propose des arbustes décoratifs et des fruitiers.

Il suffit de visiter les jardineries pour se rendre compte que l’arbre en général n’a plus sa place dans les rayons végétaux !

De par sa taille, il a même tendance à faire peur aux jardiniers amateurs.

Mauvais arbre ?

Et il n’y a pas que la taille qui dérange… Les racines peuvent soulever les dalles de la terrasse, les feuilles vont encore tomber dans la piscine et boucher le filtre. Et puis ses branches en été nous empêchent de voir le voisin ou la voisine d’en face… Sans compter les fils électriques … Nous sommes bons pour la corvée d’élagage tous les 5 ou 10 ans…

Non franchement, l’arbre a mauvaise presse ! Et en plus, il attire les pigeons et les corbeaux !

Je me fais l’avocat du diable, mais plus les jardins sont petits et moins on a envie d’y planter des arbres. Et pourtant, la ville est trop chaude en été, l’arbre doit « envahir » le domaine public, mais aussi le domaine privé.

Peut-être verrons-nous apparaitre des productions d’arbre de taille moyenne capable de résister à la sécheresse. Les variétés ne manquent pas, en vrac : Arbre de Judée, Micocoulier, Tilleul, Savonnier, Amandier, Chêne vert, Olivier de Bohême… Un rayon arbre avec une pédagogie adaptée permettrait de reconquérir la canopée disponible au-dessus du jardin.

Une incitation à la plantation d’arbres répondrait à une demande qui pourrait bien exploser au fil des étés !

Télédétection

De plus en plus de services espaces verts analysent la canopée de leur territoire. Objectif : trouver les zones fraiches et les chaudes afin de prioriser ou d’adapter les plantations.

Quelques startups commencent à voir le jour et proposent des cartes détaillées des zones à planter.

Pour l’instant, seuls les parcs et lieux publiques sont concernés, mais il y a fort à parier que la législation évoluera pour inciter ou forcer les particuliers à « couvrir » eux aussi leurs espaces privés.

Ce repérage aérien permettra aussi de comptabiliser les arbres et les différentes espèces sur une même commune.

Nous constatons chaque année une progression des températures en été. Les zones d’ombre sont là pour protéger l’humain, la terre et la biodiversité. La maitrise de ces espaces trop exposés au soleil dépend aussi de nos actions et de nos plantations. Il est nécessaire de dépasser la traditionnelle question « Que fait le gouvernement ? ». Nous aussi, jardiniers amateurs, nous avons un rôle et nous pouvons planter des arbres et contribuer à nous protéger de la chaleur. Je milite pour un rayon ‘canopée’ dans les points de vente… Et chez les producteurs jardin ! Et vous, ça vous branche ce nouvel espace ?

Roland Motte… Jardinier !