L’herbe de la pampa
L’herbe de la pampa est une graminée qui avait beaucoup de succès dans les années 1970/80. Dès qu’un jardin voyait le jour quelque part en France, on plantait notre herbe avec 3 bouleaux, un forsythia et une haie de thuyas. Le plan du paysagiste était plus simple à dessiner qu’aujourd’hui…
L’herbe de la pampa
Originaire d’Amérique du Sud et introduite pour la première fois en France en 1857 à Montpellier, elle est devenue un incontournable dans les jardins. Ses plumeaux sont encore vendus en décoration pour des bouquets secs. Malheureusement, Cortaderia selloana, c’est son nom latin, depuis, a pris ses aises et se développe presque partout sans nous demander notre avis.
Ses fameux plumeaux font des milliers de graines qui peuvent s’envoler jusqu’à 30 kilomètres à la ronde. Et si la graine trouve un terrain favorable avec pas trop de froid en hiver, un terrain en friche ou peu entretenu, un peu d’humidité, c’est parti !!! Et impossible d’arrêter notre herbe de la pampa qui est devenue invasive dans l’ouest et le sud de l’Hexagone.
Les plantes poussent côte à côte et ne laissent plus de place aux autres végétaux. La bruyère est menacée en Bretagne. Bien sûr, elle fleurit à nouveau et se répand ainsi de suite… Pour l’instant, elle est limitée par le froid, mais si les hivers sont moins rigoureux, elle pourra étendre sa progression sur tout le territoire.
Interdiction !
Si les sanctions n’ont pas encore été appliquées, cela pourrait progressivement changer, comme nous alertele site de Valhor. En effet, l’arrêté ministériel date du 2 mars 2023 pour actualiser l’article L411-6 du code de l’environnement.
En clair, l’introduction en France, la détention, l’utilisation, l’échange, le transport, la commercialisation sont interdits. Vous risquez une amende de 150 000 € et 3 ans d’emprisonnement.
Les professionnels du végétal ont été avertis par l’interprofession et on imagine qu’en qualité d’amoureux du végétal, ils sont les premiers défenseurs de l’environnement et vont montrer l’exemple…
Malheureusement, il suffit de se rendre sur Internet pour trouver encore cette herbe de la pampa en vente dans des pépinières et même dans de grosses enseignes ayant pignon sur rue. Même le leader de la distribution en ligne est hors la loi sur le sujet, c’est vous dire…
Pour les autres, la fiche est toujours visible avec une « indisponibilité de livraison en ce moment ».
Je n’ai sans doute pas assez cherché mais je n’ai pas vu la mention « plante invasive » avec quelques explications sur sa dangerosité. Dommage ! Je continue les recherches…
TikTok
Fort de cet arrêté ministériel du 2 mars 2023 interdisant sa commercialisation, j’ai cru bon faire une petite vidéo sur TikTok pour informer mes abonnés de l’impossibilité de trouver cette plante dans les pépinières ou les points de vente jardin. Après plus de 600 000 vues, nous pouvons dire que cette plante fait réagir. Mais le plus surprenant est dans les commentaires. Il y a bien sûr ceux qui sont alertés sur le sujet. Habitant dans le sud ou dans l’ouest de la France, ils ont constaté de visu l’étendue des dégâts. D’autres ne comprennent pas cette décision puisqu’ils en ont dans leur jardin et que la plante ne se développe pas chez les voisins ! Et puis, il y en a un bon nombre, qui ne croient pas à cette annonce puisqu’ils en trouvent et en achètent encore dans leurs points de vente jardin habituels. Mensonge leur dis-je, vous avez dû confondre avec un miscanthus ou une autre graminée ? “Que nenni”, répondent-ils, en termes un peu plus crus, «il s’agit bien d’une herbe de la pampa, voici le nom du point de vente».
Image
Je ne vous ai pas parlé de ceux qui proposent des solutions OGM ou qui expliquent de ne planter que des plants mâles…
Bien-sûr, il faut trier un peu, mais dans tous les cas, et en prenant un peu de recul. Il y a encore beaucoup d’apprentissage et d’explications à donner au grand public, pas toujours au fait de l’écologie et du jardinage.
Au-delà, il y a une certaine cacophonie chez les professionnels de tous bords, comment peut-on encore trouver ces plantes à la vente en magasins ou sur internet ? Le retour d’image est un peu contradictoire, c’est le moins que l’on puisse dire.
Des solutions ?
Oui, informer le consommateur et lui expliquer pourquoi cette plante n’est plus en vente sur votre site ou dans votre pépinière et pourquoi elle est dangereuse pour l’environnement, ce serait un premier pas.
L’interprofession a fait son job en informant largement les médias sur le sujet. Nombre de chaînes de télé,de sites internet et de journaux ont relayés l’information avec des reportages et des articles en ligne. Les grandes enseignes vont sans doute suivre le mouvement et annoncer l’info sur leur site et en magasin … Ce serait cohérent, non ?
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